Un lévrier persan, un colosse d’argile aux mains d’acier, un spectre kidnappeur de chiens, une fillette muette au visage rond. Le Lévrier, c’est tout cela – et bien plus encore. Comme le protagoniste, spécialiste de l’étranglement, l’auteur nous prend à la gorge pour ne jamais nous relâcher. On asphyxie, on rêve, on cauchemarde, on sue. Comme les gestes, l’écriture est saccadée, entrecoupée d’introspections glissées avec fluidité au cœur du récit.
Dans cette grande ville pluvieuse et poisseuse, les frontières entre songes, cauchemars et réalité deviennent poreuses. Les images surgissent, nous saisissent et nous hantent. Aucune échappatoire dans ce labyrinthe enfiévré, dans cette œuvre noyée dans le brouillard d’une casse automobile peuplée de chiens osseux et translucides. Le Lévrier est une œuvre inclassable, à la croisée des genres. Elle incarne parfaitement cette littérature « trop étrange pour vivre, mais trop rare pour mourir ». Son étrangeté pourrait rebuter les moins téméraires, mais une fois imprégné de sa folie poétique, impossible de s’en défaire : il nous dévore jusqu’aux dernières pages.
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